mercredi 2 avril 2008

L'info au rabais

Le procès Fourniret est encore une belle démonstration du nivellement par le bas de l'information proposées par les deux grandes télévisions francophones.
Pour ceux qui se demanderaient encore pourquoi la RTBF a embrayé sur RTL-TVI dans la sensation à bon compte, l'interview de Benoît Moulin, rédac chef du JT de la RTBF, publiée par la Libre Belgique de hier, donne une bonne grille de lecture :

Question : Pourquoi, selon vous les médias belges, audiovisuels en particulier, couvrent bien plus le procès Fourniret que les Français ?
Réponse : J'ai vu effectivement que les médias français avaient accordé plus de place à la mort d'un commentateur sportif et à la visite de Nicolas Sarkozy en Grande-Bretagne.


Passons sur la mort de Thierry Gilardi. Elle n'a été couverte que par TF1, chose logique quand on sait que le défunt était une des icônes de la télé Bouygues. D'ailleurs, est-ce que TF1 serait subitement devenu une référence en matière d'info pour le Service Public ?

Arrêtons-nous sur la visite de Sarkozy en Grande-Bretagne. Passon le côté protocolaire et la robe de Carla. Il est évident que le contenu symbolique et politique de cette visite est nettement plus important que le procès Fourniret. Depuis quelques mois, le Président français imprime une direction alternative à la politique européenne française qui était, depuis des décennies, indexée sur le fameux couple franco-allemand (nos deux plus grands voisins et partenaires économiques, faut-il le rappeler à la RTBF). Ce retournement de tendances appelle des questions et des analyses qui ont été manifestement zappées par la RTBF. Plus gênant encore, pour moi, est le fait que le rédacteur en chef du journal télévisé de la télévision d'un pays qui se targue sans cesse d'être "au coeur de l'Europe" mette cette visite sur le même plan que la mort d'un commentateur sportif et l'utilise pour justifier la dérive médiatique constatée à l'occassion dudit procès.

mardi 1 avril 2008

lundi 31 mars 2008

La gaffe traditionnelle du Secrétaire D'Etat

Il semble que chaque début de gouvernement doit être marqué par la gaffe d'un Secrétaire d'Etat. En 1999, c'était Olivier Deleuze qui s'y était collé, en 2003, c'était autour de l'infortunée Anissa Temsamani (qui avait d'ailleur été contrainte à la démission). En 2008, c'est le Socialiste namurois, Frédéric Laloux, qui se loupe compètement avec une gaffe de bleu assez prévisible. Parti avec un léger handicap, le poulain namurois se plombe un peu plus et devra souquer encore plus pour éviter la carbonisation précoce.

De là à hurler à la démission...

vendredi 28 mars 2008

Le PS est un partenaire loyal.



Ce n'est pas moi qui le dit mais Herman Van Rompuy, interrogé ce matin à Matin Première. En relevant, avec pas mal de justesse, le double discours du Président du MR qui d'une part parle de réforme light d'ici le 15 juillet et d'autre part a signé, sans équivoques, un accord prévoyant une réforme substantielle pour cette date.
Pendant 12 ans, de 1987 à 1999, la Belgique a été dirigée par un binôme CVP/PS qui a volé en éclat sous la double pression du pacte Michel-Busquin et de la crise de la dioxine. Il semblerait qu'il soit en mesure de se reformer par la grâce des humeurs tactiques, parfois dures à suivre, du Président du MR.

jeudi 27 mars 2008

Auto-flagellation francophone

J'ai du mal à me satisfaire de l'analyse du Gerfa, relayée par la Libre Belgique , et qui tend à accréditer la thèse que les Francophones se seraient faits bernés dans la compositiondu gouvernement Leterme 1er.

Certes, les matières régaliennes échappent aux Francophones. Les affaires étrangères, la justice et l'intérieur. Pour cette dernière matière, on notera toutefois qu'une grosse partie des compétences habituellement dévolues au pouvoir central est exercée par les Régions (notamment tout le contrôle des pouvoirs locaux).

Certes, les Francophones ne disposent d'aucune compétences en matière de relations internationales en dehors de la coopération au développement (que le Gerfa oublie au passage de citer) qui, dans le contexte actuel, n'est certainement pas moins importante que la défense nationale.

Mais, j'ai du mal à avaler l'idée que les pensions seraient une compétence négligeable. L'enjeu est majeur et même si les marges de manoeuvres sont limitées, ce n'est pour autant que les millions de pensionnés de ce pays comptent pour du beurre.

De même, les affaires sociales et la santé comptent pour près de 25% du PIB de ce pays et leur budget dépasse celui de l'Etat fédéral.

Au passage (en même temps que les pensions), les Francophones ont récupéré (par rapport à la violette), l'environnement et l'énergie ainsi que le budget (même si le Premier exercera une tutelle sur le secrétaire d'Etat concerné, on pourrait parler dès lors de co-tutelle sur cette matière stratégique), ainsi que l'emploi.

Sans compter les finances, bien entendu qui reste dans le giron francophone.

Côté flamand, en dehors des compétences régaliennes précitées, rien de très flamboyant. La défense n'est pas subitement devenu un enjeu majeur en Belgique. L'économie est une compétence très largement régionalisée. L'asile et immigration (compétences importantes s'il en est) étaient déjà pris en charge par une excellence flamande et la fonction publique, pour importante qu'elle soit en terme financier et opérationnel, ne constitue pas non plus un enjeu majeur...

Un petit récapitulatif permet de mieux comprendre la situation :

Passent des partis flamands vers les francophones les départements suivants :

Emploi
Pensions
Environnement
Budget (avec les réserves émises plus haut)
Politique scientifique

Passent des partis francophones vers les flamands les départements suivants :

Justice
Défense
Fonction publique

Bref, pas de quoi hurler à la capitulation francophone.

Décret inscription, cacophonie au MR

Alors qu'officiellement le MR demande toujours l'abrogation du décret inscription, un de ses mandataires, Marcel Neven, Bourgmestre d'Eupen, en son titre de président du Conseil de l'enseignement des communes et des provinces, demande au Ministre de l'enseignement de la Communauté française de supprimer les dérogations pour les enfants issus des écoles "adossées" ou conventionnées.

Les constats dressés par cet organisme qui fédère les pouvoirs organisateurs publics (en dehors de la Communauté française) sont d'une logique implacable : "le système de conventionnement (...) entraînera inévitablement des départs massifs d'élèves, surtout au degré supérieur de l'enseignement primaire. En toute logique, les parents ne manqueront pas d'orienter au plus tôt leurs enfants vers un établissement conventionné avec l'école secondaire de leur choix"

Problème, il se dit un peu partout que le maitien de ces "privilèges" est une concession faite par le PS au CDH pour maintenir le décret inscription.

Concession qui fera beaucoup de mal aux écoles primaires publiques des réseaux communal et provincial qui sont très rarement, contrairement à celles du réseau catholique, liées à des écoles secondaires.

Je persiste à penser que le décret inscription a mis le doigt sur des problèmes fondamentaux qui se posaient (et qui contiuent à se poser) dans l'enseignement en Communauté française. Que les passe-droits et magouilles qui prévalaient au moment des inscriptions vers le secondaire ne faisaient qu'exacerber le caractère inégalitaire du système.

Ceci étant posé, dans sa mouture actuelle avec le maintien des dérogations, ce décret risque de passer à côté de ses objectifs tout en créant des problèmes supplémentaires de répartition de la population scolaire entre écoles.

Bref, de belles perspectives pour Christian Dupont.

Source : la libre Belgique

mercredi 26 mars 2008

Leterme 1er, les gagnants, les perdants et les autres

Petit arrêt sur image sur les gagnants et les perdants de la grande loterie qui a ponctué les négociations de formation au forceps de Leterme 1er :

Les gagnants :

Le VLD. Où comment transformer une défaite cinglante en victoire. En juin 2007, le VLD prend une claque comparable à celle du PS. Malgré cela, le parti de Bart Somers est embarqué dans la formation de l'orange bleue. Et, loin d'afficher le profil bas du PS, il fait parler la poudre sur le plan socio-économique et communautaire. Pourtant, avec 18 sièges, le VLD ne devance que le CDH dans la coalition. Comparé à la trentaine de sièges du cartel, son groupe parlementaire ferait presque pitié.
Mais voilà, au jeu de qui perd gagne, le VLD s'impose très largement. Une première fois donc dans l'orange bleue, la seconde (sans doute involontairement et à l'insu de certains de ses caciques) avec la remise en selle du Numero uno. La troisième fois, enfin, dans la distribution des portefeuilles du gouvernement Leterme 1er.

Jugeons sur pièce : l'Intérieur partagé entre Dewael et Turtelboom (avec des compétences hautement stratégiques pour cette dernière), les affaires étrangères pour De Gucht (et la promesse du poste de commissaire européen en 2009) et la remise en selle de l'espoir local, Van Quickenborne (qui prend au passage une partie des compétences de Sabine Laruelle).

Difficile de faire mieux.

Bien que PS s'en sorte sans doute aussi bien. Moribond et morigéné en juin, il devient une des pierres angulaires du Gouvernement. Et apparaît même comme un élément de stabilité. Remis en selle par l'intransigeance de Milquet mais aussi par les partis flamands (et au final par le MR), le bilan est plus qu'honorable pour un parti mis au ban pendant la campagne et après...

Question compétences, on consolide. Un gros bloc social (en dehors de l'emploi), la remise sur orbite de Laurette Onkelinx et le lancement de Magnette dans des compétences hautement médiatiques (à défaut d'être réellement opérationnelles), le distribution des compétences s'est bien conclue. Petites fausses notes, le débarquement de Christian Dupont et l'arrivée de Marie Arena, et la désignation de deux Secrétaires d'Etat sortis des limbes et qui semble mettre un peu d'ambiance au sein du groupe PS à la Chambre. On verra à l'autopsie comment le PS va gérer cette cuisine interne.

Dans la famille des gagnants, le CDH fait plus que se défendre. Un poste de Vice-Premier (loin d'être acquis à la base) et le budget pour Wathelet junior. Reste à voir dans ce dernier cas, comment se passera la collaboration entre le golden boy de la Vesdre et le Premier qui a déjà fait savoir qu'il comptait exercer pleinement sa compétence dans ce secteur stratégique.

Les perdants ?

Le MR ou comment transformer une victoire (en voix pas en siège) en défaite. Résumons :
1°/ Questions compétences, le MR se retrouve avec les mêmes départements que pendant la violette. Entre le gouvernement intérimaire et le casting de Leterme 1er, il cède l'économie contre deux postes de Secrétaires d'Etat vide de compétences et de sens. Et Reynders perd le privilège d'être le seul Vice-Premier francophone. On a déjà vu mieux.
2°/ Sur le plan politique, le MR se retrouve solidement isolé. Non seulement face au PS et au CDH mais également vis à vis du CD&V où on trouve de plus en plus saumâtre les attaques incessantes de Reynders. Sur le plan intra-francophone, seule une victoire éclatante en 2009, couplée à une poussée sans précédent d'Ecolo, permettrait de sortir le parti de cette impasse. Or, si les sondages montrent très clairement que le vert à la cote au sud, on peut pas en dire autant du bleu qui semble avoir indexé (façon de parler) son sort à la dégringolade du PS...

Les autres

Difficile de dire, à ce stade, dans quelle catégorie placer le CD&V. Tant que le cartel fonctionne et que le Premier n'est pas assassiné par ses pairs (une spécialité maison), on peut légitimement penser que le Premier a retourné une situation très mal enmanchée. Par contre, rares ont été les impétrants à ce poste qui ont été plombés à ce point dès le début de leur mandat. Il faut sans doute revenir à la période peu glorieuse de la fin des années 70/début 80 pour trouver pareilles situation....